Latin et grec : disparition au bac annoncée?

Latin et grec : qu’en est-il de ces deux espèces en voie d’extinction?

Certains d’entre vous se rappellent peut-être de leurs heures passées à apprendre les déclinaisons au collège ou au lycée, rosa, dominus, etc. D’autres se revoient commenter des textes de Tite-Live, Sénèque ou Cicéron lors de leur oral de latin au bac. Depuis, l’enseignement de Quelques mois après la mise en place de la réforme du collège, il est temps de faire un premier bilan sur l’une des promesses de l’éducation nationale : la préservation de ces deux espèces en voie d’extinction que sont le latin et le grec.

Alors que ces langues mortes ont encore une belle cote d’amour en Suisse par exemple, nous avons souvent l’impression que les français ont débuté depuis plusieurs décennies à délaisser cet apprentissage. La dernière réforme du collège, entrée en vigueur en septembre 2016, avait notamment déclenché des protestations des enseignants de latin et grec ; en réponse le Ministère avait clairement renforcé la volonté de maintenir cet enseignement, justement pour sa forme d’élitisme :  « Quand la parole s’appauvrit, que la complexité s’estompe, alors une voie royale s’ouvre pour le populisme. » avait ainsi déclaré Najat Vallaud-Belkacem.

 

Ce qui change concrètement

Jusqu’à l’année scolaire dernière, le latin pouvait être choisi par les élèves en tant qu’option à part entière, et ce à partir de la classe de cinquième. De même pour le grec, à partir de la troisième. Ce qui change, c’est que l’enseignement des langues anciennes est désormais intégré dans un Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) intitulé Langues et cultures de l’Antiquité (LCA) mais qu’il est prévu un enseignement complémentaire du latin et du grec.

 

Quel impact sur l’enseignement?

En pratique, si l’on choisit l’EPI LCA, le volume horaire de latin sera par défaut réduit d’une heure par rapport à la situation précédente. On passe de deux heures en cinquième, trois heures en quatrième et troisième à une heure, puis deux heures. Toutefois, il est possible de choisir d’avoir un renforcement de cet EPI, à hauteur d’une heure en classe de 5e, de deux heures en classe de 4e et en classe de 3e. Globalement, le volume horaire initial est donc conservé. Toutefois, il est à noter que les crédits correspondants à ce complément sont à prendre sur le budget autonome des collèges. Il faudra donc suivre lesquels sont en capacité de le maintenir et quelle est la volonté politique de chaque établissement.

 

Faut-il encore choisir latin ou grec ?

D’un point de vue statistique, l’enseignement du grec et du latin n’a pas connu de chute vertigineuse en terme d’élèves. Selon les statistiques officielles du Ministère de l’Education nationale, entre 2012 et 2015, le nombre de total de latinistes est passé de 501 775 à 473 204, ce qui représente respectivement 13,1% et 12% des effectifs nationaux (public et privé confondus) : une baisse d’un point en pourcentage. De même le grec ancien est quasi-stable sur la période : on passe de 34 151 à 33 485 élèves, soit un pourcentage qui passe de 1,5% à 1,4%. On peut donc plutôt parler d’une érosion. De nombreuses causes à cela : la prévalence renforcée de la filière scientifique par rapport aux autres, la progression d’autres enseignements comme les langues autrefois dites rare, en particulier le chinois, …

Mais ne vous inquiétez pas, ces langues anciennes ont encore de beaux jours devant elles. Sans rechercher l’élitisme, elles pourront toujours apporter une connaissance approfondie de la culture qui a façonné le monde occidental, en particulier l’histoire de la langue française et notre culture. Nous connaissons l’implication des professeurs de ces disciplines, reste aux chefs d’établissement d’avoir le même attachement.

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